Courage ? Inconscience ? Choix ?
Ce mini week-end s'est bien passé. J'étais vraiment heureuse de voir mes parents, mon frère, ma nièce..... 24 heures, ça passe vite, surtout quand elles s'accompagnent de neuf heures de trajet (au lieu de trois habituellement pour l'aller retour).
Nous sommes rentrés dimanche soir sur les genoux... Je ne sais pas combien de temps vont durer les grèves, en tout cas, ça devient épuisant.
Bref, ce n'est pas de ça dont je veux vous parler aujourd'hui. De toute façon cette année, je suis passée totalement à côté des fêtes, surtout Noël.
La semaine dernière je vous ai dit que j'ai pris une décision, dont je ne voulais parler que quand elle serait actée. Et bien ça y est, c'est fait.
J'ai décidé d'arrêter mon travail. Comme j'étais encore en période d'essai c'est très simple. C'est pour cela que je l'ai fait avant la fin de la période d'essai, pour ne pas avoir à démissionner. La période d'essai sert tout autant à l'employeur pour évaluer la personne qu'il embauche, qu'au salarié pour se rendre compte si le poste lui convient.
On peut rompre la période d'essai sans avoir à justifier, ni faire de préavis, juste respecter un "délai de bienséance". Et je vais réactiver mon dossier à Pôle Emploi. En quittant mon précédent boulot, j'ai trouvé celui-ci tellement rapidement que je n'ai pas eu le temps de toucher la moindre indemnité chômage.
J'ai donc annoncé à mon DG ma décision le 23 décembre, en lui demandant de quitter mon poste le 31.
Je lui avais déjà parlé à deux reprises, lui disant que le poste tel qu'il est réellement ne correspond pas à la "job description" faite lors du recrutement. Je vous passe les détails, je ne veux pas trop parler de mon boulot. Mon DG a très bien compris, et m'a dit qu'au vu des événements actuels au Comité de Direction ce sera plus intense encore en 2020.
Il a essayé de me retenir, à deux reprises il est revenu me parler. La DRH également.
Mais non, j'ai pris ma décision, je m'y tiens.
Je n'ai pas décidé cela de gaieté de coeur, bien au contraire. J'aime ce poste, réellement, mes collègues, j'admire mon DG... Mais je repartais tout droit dans la même spirale. Petit à petit, je suis venue de plus en plus tôt au bureau et en suis partie de plus en plus tard. Je quittais la maison à six heures pour être au bureau avant sept heures, et n'en partais pas avant 19 heures.
Donc, levée à cinq heures, rentrée à 20 heures, et je travaillais quatre heures le dimanche après-midi. Donc...non...
J'ai parlé avec d'autres assistantes de Direction Générale, dans d'autres sociétés, et des assistantes de Président. A partir du moment où vous intégrez le Comité de Direction, c'est pour toutes pareil. Elles m'ont toutes confirmé faire ces horaires, voire plus, et être corvéables 7/7. Moi encore, je suis tombée sur un DG relativement cool, qui ne m'appelait pas au-delà de 20 heures le soir, et rarement le week-end.
Or, si les assistantes de Direction Générale font partie du Comité de Direction et ont les mêmes horaires, puisqu'elle préparent et assistent aux Comités de Direction, en font les comptes-rendus, elles n'ont pas les salaires des DG...ni les dividendes des actionnaires.
En ce qui me concerne, ce n'est même pas une question de salaire ceci dit, le mien me satisfaisait, c'est une question de santé, et surtout, de pouvoir vivre ma vie en dehors du travail.
C'est ça la priorité pour moi aujourd'hui. Ça l'était aussi en reprenant ce travail, dont le descriptif au recrutement ne comprenait en réalité pas la moitié des tâches à accomplir.
Alors, est-ce une décision inconsciente que lâcher un travail qui s'annonçait pérenne sans aucune certitude d'en retrouver un ? Est-ce du courage, que de ne pas me laisser à nouveau entraîner dans une spirale qui ne me convient pas ? Je crois que tout simplement, je n'avais pas le choix, comme me l'a dit Chéri.
Et puis, je ne vais pas accepter ce rythme en me contentant de geindre que je suis épuisée et me victimiser... Non, le burn out m'a au moins apporté ça, cette force de savoir dire non à ce que je ne désire pas, et de prendre des décisions qui ne font pas l'unanimité.
Car dans mon entourage, il y a ceux qui comprennent, et ceux qui ne voient que le fait que je lâche un bon salaire. Un bon salaire vaut-il cet épuisement ? Ce mal-être ? De ne pas avoir de temps pour Chéri, pour mes amis, pour le sport ? Un confort matériel justifie-t-il de faire taire toutes ses envies ? Selon moi, non.
La vie est fragile, et nous n'en avons qu'une. Je ne veux pas passer mon temps à me plaindre que ceci ou cela, je veux être actrice de mes décisions. Le suicide du fils de mon amie en octobre m'a également fait un choc d'une telle violence que je l'affirme, un bon salaire ne justifie en aucun cas de renoncer à tout ce que l'on aime juste pour satisfaire les envies des actionnaires.
J'ai plus de 50 ans, je prends mes décisions sans avoir à les justifier, ni à mes parents, ni à mes amis, ni à personne. Seul l'avis de Chéri aurait pu me faire hésiter, et Chéri a été le premier à me dire de faire attention à ne pas retomber malade.
Vous tous, qui me lisez, je ne sais pas ce que vous en penserez... Je connais personnellement certains d'entre vous qui en ce moment sont à un tournant, professionnel, amoureux... Faites-vous passer en priorité, prenez vos décisions selon ce que vous ressentez, pas selon ce que vous craignez que les autres pensent de vous...
Voilà j'ai donc quitté mon travail hier soir. Mon DG m'a offert ce 31 décembre, je n'ai pas travaillé, il sera payé. Nous avons eu une belle discussion hier lui et moi. Je pars en bons termes, comme à chaque fois que j'ai quitté un poste. Il regrette que je parte, mais il comprend. Je regrette de partir, mais je veux penser à moi d'abord plutôt qu'aux actionnaires... Nous déjeunerons ensemble en janvier, ainsi qu'avec la DRH qui m'a également appelée. Ils y tiennent beaucoup m'ont-ils dit. Moi je pars sans aigreur, avec un pincement au coeur, sans rien avoir à leur reprocher, et sans rien me reprocher, alors je déjeunerai avec plaisir avec eux... Il faut toujours laisser la porte ouverte.
J'ai appelé le cabinet d'out-placement avant de communiquer ma décision, pour qu'ils me disent comme faire les choses selon la loi d'abord. Puis pour dire que nous allons reprendre le parcours d'out-placement que nous avons à peine commencé. j'ai peut-être retravaillé trop vite, sans prendre le temps d'aller au bout de mon bilan professionnel, de bien cibler le milieu dans lequel je souhaite travailler.
Plus de multinationale, plus de société du CAC40 ça c'est certain en tout cas.
Ce soir je suis sereine. Je ne dis pas que les mois à venir le seront, mais ce soir, je me sens mieux en tout cas. Je m'accorde quelques jours de repos, et dès lundi, je suis en recherche d'emploi. Car je ne suis plus en burn out, je ne prends plus d'anti dépresseurs, la situation n'est pas la même qu'en 2018, début 2019. Je suis apte, et je désire travailler.
Dès lundi, je reprends le sport quotidien, une alimentation équilibrée et visant à perdre des kilos. Chaque jour, je consacrerai trois heures à la recherche d'emploi (parcours d'out-placement compris. Plus n'est pas productif, et ça ce n'est pas moi qui le dis, ce sont les pros). Une heure de sport, avec JC trois fois par semaine, une fois par semaine piscine, le reste du temps marche rapide et reprise progressive de la course.
Deux heures de rangement-désencombrement de l'appartement. Vider tous les placards, les ranger, trier, donner....
Me lever, non pas à cinq heures, mais à sept heures. Cuisiner des plats sains. Voilà dans les grandes lignes.
Il est 20h30, je vous laisse, nous allons faire un bon dîner avec Chéri, regarder un film fleuve comme nous les aimons, et peut-être serais-je couchée avant minuit. Et quelle importance ? Je ne fais maintenant que ce que j'ai envie de faire, peu importe ce que pensent les bien-pensants.
Je vous souhaite une belle soirée, conforme à vos souhaits, et non subie.