La vie continue ?

Publié le par imaginer

La vie continue ?

Je suis donc allée à Charleville de mardi après-midi et retour vendredi soir. Retour folklorique, la SNCF a battu le record du monde je crois : sept heures pour faire 230 kilomètres... Pas que le train soit en panne, non, train annulé, rétabli, re-annulé... Ah non finalement faites 30 kilomètres pour aller à la gare suivante... Au guichet une dame de la SNCF m'a dit que les billets sont vendus alors même qu'ils savent que les trains ne circuleront pas...

J'ai bien d'autres soucis en tête, mais ça vaudrait la peine de faire circuler l'info, à défaut que les trains circulent... La SNCF mise sur les trains vers l'ouest et le sud, prépare les départs en vacances, en revanche certaines régions ne sont plus desservies. Carrément plus desservies....

Plus je pedalo plus je reculo aurait dit mon père...

Mon père que j'ai donc vu mercredi avec ma mère. Visite encore plus insoutenable que les précédentes...

Au diable les mesures sanitaires, mon père s'est mis à pleurer en demandant ce qu'il a fait de mal pour être ainsi enfermé et ne pas avoir le droit de nous embrasser, alors je l'ai pris dans mes bras, lui ai caressé le dos en lui murmurant qu'on ne l'abandonne pas. 

Il m'a suppliée de le ramener à la maison. L'infirmière nous a demandé de partir car il commençait à être fébrile.

Jeudi, vendredi, samedi au téléphone, il m'a répondu. De façon plus ou moins cohérente mais enfin pas pire que ces dernières semaines.

Mais hier matin, la clinique appelle mon frère, lui demandant de venir immédiatement. Mon père a fait un gros AVC. Paralysé du visage, et surtout, de la gorge, il ne peut plus déglutir. Il est donc hydraté, et nourri par sonde gastrique.

Mon frère est allé voir ma mère en sortant de la clinique... Pour lui annoncer. Mon père ne parlera plus...

Ce matin, nous avons pu parler au médecin. Ils vont essayer de rééduquer la fonction de la déglutition, mais la parole ne reviendra pas... Les AVC vont être de plus en plus fréquents et agressifs. Cela fait des années que mon père enchaîne les "petits" AVC. C'est la base de la démence vasculaire, la maladie dont il souffre. Cela détruit les fonctions cognitives, c'est très similaire à la maladie d'Alzheimer, et un des AVC finira par le tuer.

Le médecin a dit que cela évolue très vite depuis quelques jours, et que si l'on n'est pas encore en soins palliatifs, on s'en approche. Que nous devons nous préparer... pour dans quelques semaines à quelques mois...

Il n'est plus question d'années, contrairement à la semaine dernière... Il nous a aussi conseillé de suspendre pour le moment la recherche d'EHPAD.

Mon frère va retourner le voir avec ma mère... Hors de question de laisser ma mère le voir seule, mon père a le visage déformé m'a dit mon frère...

Quant à moi, je passe jeudi après-midi l'entretien avec le Président de la société dont j'ai déjà vu la DRH et la Directrice Générale la semaine dernière, donc je partirai pour Charleville avec Chéri vendredi matin.

Je fonctionne sur pilote automatique, je suis terrifiée à l'idée de perdre mon père et en même temps ce qu'il subit en ce moment ne s'appelle pas vivre alors...

J'ai appelé mon oncle, le frère de mon père, qui naturellement veut voir son frère. Son grand frère, ils ont 11 ans d'écart et c'est mon père qui l'a élevé, qui a commencé à travailler à 14 ans pour subvenir aux besoins de son petit frère, renonçant aux études... Mais avec ces putains de mesures sanitaires, pour le moment mon oncle ne peut pas voir son frère. Je suis en train de me démener pour que mon oncle, qui habite en région parisienne puisse au moins  avoir une visite. Un quart d'heure pour dire au-revoir à son grand frère...

Je pleure en écrivant, je ne savais pas qu'on pouvait souffrir et pleurer autant.

Les parents de Chéri m'ont appelée cet après-midi pour savoir s'ils pouvaient passer. Ils ont passé le week-end à la campagne et ont à nouveau cueilli des cerises et nous en ont apporté. C'est un tel décalage... La vie continue... Les parents de Chéri savent que la cerise est mon fruit préféré et m'en ont gentiment cueilli hier...

Chéri, lui, pour supporter la situation, cuisine... Chéri est très proche de mes parents, et pratiquement aussi triste que moi. Alors hier il est allé acheté un ananas Victoria et a fait un ENORME clafoutis... Alors que ni lui ni moi n'avons d'appétit. Mais peu importe, on fait en ce moment ce qu'on peut pour garder la tête hors de l'eau.

Ce que je vais écrire va sans doute vous paraître étrange, peut-être méchant je ne sais pas, mais là, vraiment, j'ai envie de retravailler... Me lever chaque matin, me préparer, passer la journée à travailler, ça me manque terriblement. Et plus encore en ce moment. Suis-je un monstre ? Ou est-ce l'instinct de survie ?

En tout cas, je vous rassure, je ne suis pas dépressive. Je suis triste au-delà des mots, au-delà de ce que je pouvais imaginer, mais ce n'est pas la dépression qui revient, ça je fais la différence. Et je ne suis plus sous anti-dépresseurs depuis bien longtemps maintenant, et je n'éprouve pas le besoin de cette "béquille" qui m'a tant aidée lors du burn-out. Je n'ai pas faim, mais j'essaie, même si ce sont de petites quantités, de manger. Pas question que je m'affaiblisse, je dois rester forte pour les allers-retours à Charleville etc...

Et pour le sport. Je ne laisserai pas tomber le sport, aujourd'hui moins que jamais !

Alors ce matin, j'ai mangé quatre cuillères à soupe de flocons d'avoine, que j'ai faits cuire dans du lait d'amandes. Avec une mini banane.

Ce midi, laitue, tomates cerises, radis, oeuf dur et jambon blanc.

Ce soir, de la ratatouille (vu la quantité faite hier, j'en ai pour un grande partie de la semaine), du riz nature. Des cerises.

J'espère que tout le monde va bien. Très bonne soirée.

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P
J'ai eu ma chair de poule en te lisant et coeur serré... oh oui, tu as bien fait de le serrer dans tes bras, quelle tristesse, quelle souffrance...J'espère que ton oncme pour voir son frère, j'espère que ton papa s'apaise, que ta maman tienne le coup...je vous envoie des pensées d'amour, beaucoup d'amour,.... tu n'es pas un monstre, tu es une femme, une fille, une soeur...humaine et sensible. Tu tiens avec ce que tu as pour t'aider et pour aider ceux que tu aimes ♡ je t'embrasse foorrttt
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M
Ces mesures sanitaires dans ces moments ! C'est terrible. La mère de ma belle fille est décédée il y a 15 jours sans pouvoir embrasser ses petits enfants ! C'est inhumain !
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C
Heureusement que tu l'as pris dans tes bras. Heureusement....<br /> Tu vois je ne connais pas ton papa, mais je vais garder cette phrase rigolote : plus je pédalo, plus je reculo....<br /> Ces maladies sont de plus en plus fréquentes. C'est très dur pour l'entourage. On joue avec les cartes qu'on a. Le sport, le travail, l'amour. Ça ne fait pas de nous des monstres. Au contraire.
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A
Ces situations sont tellement difficiles. Je t'envoie des ondes positives n'ayant pas la possibilité d'en faire davantage.<br /> Bisous
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J
Quels moments difficiles à passer ! Je compatis vu que j'ai 2 tantes et mon cher oncle, qui, lui-aussi, ma foi....Oui, il faut essayer de manger pour tenir..On pensera à toi jeudi...Bises
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M
Que cela doit être dur ... Bon courage
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